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La place des femmes en Asie

Dernière mise à jour : 28 juin

A travers notre expérience dans trois pays asiatiques, voici notre vision de la place de la femme en Asie du Sud et de l’Est. Cet état des lieux est personnel, lié à notre vécu en 2024. Il n’engage que nous.

 

L’Inde, un pays marqué par de profondes inégalités entre les hommes et les femmes.


Nous constatons une différence de traitement forte entre les hommes et les femmes. Voici quelques obligations des femmes indiennes :

  • En cas de mariage arrangé, ce qui est encore une pratique largement répandue en dehors des villes, l’homme peut refuser la future épouse qu’on lui présente. La femme, vous vous en doutez, ne choisit pas.

  • Une fois qu’elles sont mariées, les femmes doivent vivre chez leur belle-famille. Dans le meilleur des cas, elles peuvent être aidées par les beaux-parents au quotidien. Dans le pire des cas, la cohabitation se passe mal et la femme doit s’occuper de ses beaux-parents en plus de son mari et de ses enfants. Elles rendent rarement visite à leurs propres familles, une à deux fois par an. Quand elles souhaitent y aller, elles doivent demander l’autorisation et s’assurer que cela ne bouscule pas le planning de la belle-famille.

  • Une professeure nous explique qu’elles doivent s’occuper de l’ensemble des tâches ménagères en plus de leur travail. Chaque jour, elles préparent le repas pour toute la famille. Cette activité est chronophage en Inde : les parottas, le riz, le sambar et la viande prennent tous du temps à être cuisinés. Comme dans tous les pays visités, il y a trois repas salés à préparer par jour.


De notre expérience personnelle, nous retenons ces interactions :

  • En tant que femme, dès que nous ne sommes plus accompagnées d’un garçon, le regard et les gestes des hommes changent. On ressent dans leur regard une attitude similaire aux sifflements dans la rue en France.  

  • C’est en Inde que nous faisons deux expériences d’hommes trop tactiles et dérangeants. Le toucher est insidieux. A chaque fois, nous pensions être en compagnie d'indiens amicaux partageant un moment de vie avec nous (visite de quartiers à Bangalore et visite d’un tournage de film dans le Chettinad). Avant que nous ne mettions fin à l'échange, leurs gestes sont devenus de plus en plus déplacés et pervers.

  • Les serveurs parlent presque tout le temps à l’homme et ignorent la femme, même quand celle-ci veut commander ou payer l’addition. Dans ce dernier cas, ils rendent la monnaie à l’homme !

  • Les femmes sont principalement en saris, l’habit traditionnel indien. Les jeunes hommes défendent la tradition…pour les femmes. Certains critiquent les tenues occidentales modernes alors qu’ils sont eux-mêmes en survêtement Adidas.

  • Enfin, il y a des places spéciales pour les femmes dans les bus et les files d’attentes. Ces mesures ont été prises à cause des viols dans les bus publics et pour permettre aux femmes d’accéder à tous les lieux et transports publics.

 


La Thaïlande, ancien pays phare du tourisme sexuel, où la condition féminine est davantage égalitaire malgré le poids encore présent des traditions.


Le tourisme sexuel s’est organisé pendant l’atroce guerre du Vietnam :

  • La Thaïlande crée avec les Etats-Unis des lieux de « Rest & Recreation » pour les soldats américains en permission. Une banque américaine finance ces immenses bordels où les femmes, affublées d’un numéro, attendent le prochain soldat. Près de 2 millions de femmes et 800 000 enfants se sont prostitués dans les années 1970-1980.

  • La Thaïlande a été un lieu important du tourisme sexuel, ainsi que du trafic d’enfants pour les pédophiles. Ces activités font partie de l’histoire récente du pays. Un Français a encore été condamné en 2023 à vingt ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. « Il a été arrêté en flagrant délit en février 2019 par la police thaïlandaise, alerté par le père d’un enfant disparu, alors qu’il se trouvait dans une chambre d’hôtel de Bangkok avec deux garçons de 14 ans. »

Voici ce que nous retenons de notre expérience personnelle :

  • Nous découvrons, notamment sur l’île de Koh Chang, de nombreux hommes blancs âgés à table avec des femmes thaïlandaises plus jeunes et plus jolies. Nous sommes étonnés par la « normalité » apparente de ces couples. Par exemple, lors d’un déjeuner, deux couples de ce type sont réunis à table. Les femmes parlent un peu entre elles et se font discrètes. Les vieux hommes parlent fort en français, sans gêne. C’est étrange.

  • La Thaïlande garde sa réputation de pays du tourisme sexuel, comme en témoigne la devanture de nombreux instituts de massage indiquant que les massages sexuels ne sont pas pratiqués ici.

  • Du côté de la religion, nous découvrons également quelques bizarreries. Des parties de temples bouddhistes sont interdites aux femmes, en raison de leur « impureté ». Un panneau explique en anglais que les menstruations risqueraient de souiller le sol du temple. Il y a de nombreuses interdictions pour les femmes à l’égard des moines, par exemple elles n’ont pas le droit de leur donner une offrande directement. En outre, la quasi-totalité des moines que nous rencontrons sont des hommes. Pourtant dans les temples, les femmes et les hommes viennent se recueillir.

 

Au-delà des traces laissées par l’histoire et la religion, la condition féminine dans la société ressemble davantage à ce que nous connaissons en Europe. Les tenues des filles sont modernes. Femmes et hommes ont un emploi. Les femmes gagnent moins que les hommes, comme chez nous.

 

 

Le Vietnam, pays qui nous surprend par son avant-gardisme.


  • Les femmes ont joué un rôle important pendant la guerre du Vietnam et le patrimoine culturel leur rend hommage. Le musée des Femmes vietnamiennes d’Hanoi est un bel exemple. Plusieurs femmes ont été reçues et félicitées par Ho Chi Minh pendant la guerre. Elles ont participé activement aux combats directs (utilisation d’armes, cheffes de milices…) et indirectement (livraison de provisions, travail à la ferme…). Le symbole reste tout de même la mère-épouse qui attend le retour du mari parti combattre l’ennemi : comme l’atteste les statues de part et d’autre de la ligne de démarcation le long du 17ème parallèle.

  • Plusieurs tribus des minorités ethniques sont matrilinéaires : les hommes viennent habiter dans la famille de la femme après le mariage. Chez les Dao rouges rencontrés dans le Nord du Vietnam, il y a une certaine flexibilité selon les descendances de part et d’autre. Le fait d’avoir uniquement des filles n’est pas un fardeau dans certaines minorités ethniques. Le futur mari pourra venir vivre chez la famille.

 

De notre expérience personnelle, nous trouvons que le pays est le plus égalitaire des trois visités en Asie.

  • Les femmes ont la charge de nombreuses activités essentielles à l’économie : vente aux marchés, boucherie, poissonnerie, rameuses, guides touristiques, vendeuses dans les magasins… Certaines de ces activités sont 100% féminines. Nous sommes même étonnés de voir des femmes dans certains endroits, notamment celles qui construisent les routes.

  • Les femmes sont habillées de manière moderne, comme en Thaïlande. Elles semblent plus prendre soin d’elles que les hommes : les salons d’esthétique sont nombreux dans tout le Vietnam. En parallèle, nous constatons une sexualisation de la femme, qui existe aussi en France. En voiture, les clips musicaux mis sur la tablette tactile ont toujours une femme avec une tenue suggestive en arrière-plan.

  • Dans les tribus du nord, nous découvrons tout de même le carcan de la mère de famille. C’est la femme d’une vingtaine d’années, qui vit chez sa belle-famille et qui s’occupe de ses enfants en bas âge. Elle travaille la journée, prépare le repas et débarrasse la table pendant que les hommes boivent et fument. Elle couche ses enfants en fin de journée et part dans les champs le matin.

  • Notre guide à Hà giang nous explique que la société vietnamienne est patriarcale. Les hommes occupent la plupart des postes de décision. Dans les montagnes, autour de 16 ans, le garçon doit construire un mur en pierre autour de sa maison. Au terme d’une cérémonie pour fêter l’édification du mur, le garçon devient l’homme protecteur du foyer, tandis que la femme s’occupe des enfants et des tâches ménagères. En même temps, des femmes occupent des postes importants. Le talent et le réseau est plus important que le genre selon notre guide. Par exemple, Đặng Thị Ngọc Thịnh fut vice-présidente du Vietnam entre 2016 et 2021. Elle sera notamment présidente par intérim pendant quelques semaines en 2018.



Après quatre mois en Asie du Sud et de l’Est, nous comprenons que l’égalité homme-femme n’existe pas. Les femmes du monde entier sont victimes de sexisme, peu importe la culture et le niveau de développement de leur pays.


 

Sources

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